« Le corps est selon moi beaucoup plus intelligent, il est vraiment le logiciel sur lequel on peut programmer beaucoup de choses ». D’où l’importance d’« apprendre par corps » et de l’hommage à ses profs de gym et ses guides de haute-montagne. Ce livre est constitué de très courts chapitres qui se font écho. Sont abordés le rapport entre corps et évolution technique, le ballon et « son érotisme puissant », la notion d’équipe et l’idée fondamentale pour M. Serres du « sport comme substitut à la guerre ». « Ce que j’admire le plus dans les sports co, c’est justement l’apprentissage de la gestion de la violence ». Après les aspects philosophique, social, politique, voire religieux du sport, Michel Serres s’attaque aux « basculements » générés par la compétition : l’identité, la drogue, l’appartenance, le marché. Pour lui « la question qui va gagner ? est la drogue moderne. Il faut savoir prendre congé de cette question ». Si l’on ne peut qu’être d’accord avec ses constats… beaucoup d’entre nous serons surpris par ses conclusions qui invitent à « imaginer un sport tout autre où il n’y aurait plus de confrontation, où la question même disparaîtrait ». Je regrette de ne plus pouvoir poser cette question à Michel Serres : Comment rencontrer tous les aspects positifs du sport qu’il énonce, en proposant – comme il le fait – une « EPS personnelle, individuelle », à des élèves qui pratiqueraient « des activités sportives sans souci de performance, de confrontation, de gain ou de perte, de victoire ou de défaite » ? Oui…comment gérer cette contradiction ?

Mes profs de gym m’ont appris à penser, Michel Serres, Ed. Cherche-midi / INSEP, 2020.
Kiosque Société
Note rédigée par Claire Pontais
Un beau titre pour ce petit livre qui reprend les entretiens de Michel Serres donnés à l’INSEP. Une mine d’or pour tous les amateurs de citations tant Michel Serres a le sens de la formule, frôlant la poésie : « Le corps peut beaucoup de choses, il peut même des choses que je ne sais pas encore, il peut quelques fois même l’impossible… ». M. Serres prend à contrepied la pensée toujours tenace selon laquelle « les facultés mentales précèdent cette matière lourde qu’on appelle le corps » et montre au contraire, que « le corps est intelligent », que « l’être humain a une capacité d’invention par corps », et croit même que « l’intelligence ne fait que jouer le dernier coup ».

Non aux inégalités obscènes ! Oui à de plus justes partages !
Le long confinement… Et demain ? Éditions Des auteurs des livres 8,80€
Depuis 1980, Gabriel Langouët (https://gabriel-langouet.com/) est connu pour ses ouvrages sociologiques sur l’éducation. Moins sans doute pour ses trois derniers livres publiés depuis 2011 (le plus récent étant coécrit avec Dominique Groux, présidente de l’Association française d’éducation comparée et des échanges), bien qu’ils aient fait l’objet de recensions flatteuses et méritées. Ils portent sur le thème des inégalités dans le monde. Avec ce « petit » (75 pages) ouvrage, il en reprend les points essentiels sous une forme qui en rend la lecture très accessible, et il y poursuit sa réflexion en évoquant la pandémie de coronavirus, toujours en lien avec les inégalités. Le sujet est traité avec l’habituelle rigueur scientifique de l’auteur, conjuguée à un engagement explicite en faveur d’un monde plus juste...
++ En savoir plus ++
Enjeux de l’école inclusive - Carnets Rouges - n° 18 / janvier 2020
Le numéro de Carnets rouges consacré aux enjeux de l’école inclusive (téléchargeable sur http://reseau-ecole.pcf.fr/114315) permet notamment de prendre le contre-pied du triomphalisme manifesté par le Secrétariat d’État des personnes handicapées dans son communiqué de presse du 9 novembre 2020 sur le « suivi de l’école inclusive ». En effet, même si la scolarisation des élèves en situation de handicap progresse effectivement d’un point de vue quantitatif, les résultats de la politique scolaire à leur égard montrent des aspects moins flatteurs.
Une thèse avancée dans ce numéro est que l’injonction inclusive se traduit parfois, pour des élèves aux difficultés et besoins singuliers, par des apprentissages insuffisants et du mal-être, et aussi par le malaise d’enseignants confrontés à des situations auxquelles ils n’ont pas été préparés et qui ne bénéficient pas des ressources adéquates...