Vaincre à Rome, Sylvain Coher, éditions Actes Sud, 2019

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1960 : les jeux olympiques de Rome s’achèvent. Le marathon en sera la dernière épreuve. Se présente au départ, pieds nus, un éthiopien de 28 ans, inconnu du monde sportif ; Abébé Bikila …

Dans ce récit de Sylvain Coher, nous sommes dans les foulées de Bikila. Nous sommes Abébé.
Bikila est là pour vaincre à Rome pour son père qui a combattu l’Italie fasciste.
« Oui, je cours pour laver l’affront et renouveler l’audace.
Oui, je cours pour cette corne de l’Afrique fichée en écharde dans la botte Italienne.
Oui, je cours pour faire la guerre à la guerre. »

Pour ce faire, il me faut canaliser ce trop-plein d’émotions. Connaitre à la perfection le parcours, identifier mes principaux adversaires, élaborer une stratégie d’attaque. Mais lire aussi dans l’attitude de mes adversaires des indices sur leurs états de fatigue tout en me jaugeant et sentir la mécanique de mon corps des orteils jusqu’aux cervicales.
Oui, je cherche le geste idéal et l’automatiser pour mieux l’oublier comme on oublie qu’on respire. Tchigri Yellem.
Oui, je veux être le 1er à pénétrer sous l’arc de Constantin, celui qui avait vu défiler les troupes de Mussolini 23 ans plus tôt en partance pour l’éthiopie afin de lutter contre le fléau noir.
Oui, je veux être cette flèche noire qui atteindra sa cible. Vaincre Rome.

L’épopée de Bikila en 1960 interpelle à la fois le passé, le présent et le futur.
24 ans plus tôt, J. Owens défie l’Allemagne nazie. 8 ans plus tard T. Smith et J. Carlos, poings levés, bravent les interdits au nom des droits civiques.